J’ai esquissé le poème de cet opéra dans
l’été de 1834, pendant un séjour de vacances à
Tœplitz, sur lequel mes souvenirs personnels,
consignés dans les pages suivantes, sont restés
précis.
Pendant quelques belles matinées, je m’esquivai de mon entourage,
pour aller faire un
déjeuner solitaire à la Schlatenburg, et en profiter pour noter dans mon calepin l’esquisse
d’un nouveau poème d’opéra. Je m’étais emparé dans ce but du sujet de Shakespeare,
Mesure pour mesure, et, conformément à mes
dispositions d’alors, je l’avais fort librement
transformé en un livret à mon usage, auquel je donnai pour titre : Défense d’aimer.
Les idées de la Jeune Europe, qui hantaient
alors les cervelles, et la lecture d’Ardinghello,
exaspérées qu’elles étaient par les dispositions personnelles dont j’étais animé contre la
musique allemande, me fournirent la note
fondamentale pour ma conception, spéciale-