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SOUVENIRS

ment de côté Mesure pour mesure, et je ne m’occupai que de faire châtier l’hypocrite par l’amour vengeur. Je transportai le sujet de la Vienne fabuleuse dans la capitale de la brûlante Sicile : là, un gouverneur allemand, indigné de la liberté, incompréhensible pour lui, des mœurs du pays, tente un essai de réforme puritaine, où il succombe lamentablement. Il est probable que la Muette de Portici me fut de quelque secours en cette affaire ; même des réminiscences des Vêpres siciliennes ont pu coopérer à la chose : quand je songe qu’en somme le doux Sicilien lui-même, Bellini, entre pour quelque part dans cette composition, je ne puis assurément que sourire de l’étrange quiproquo formé à cette occasion par les malentendus les plus drôles.

Ce fut seulement pendant l’hiver de 1835 à 1836 que je parvins à terminer la partition de cet opéra. La chose se fit au milieu du grand désordre d’impressions causé par mes rapports avec le petit théâtre municipal de