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DÉFENSE D’AIMER

titude dans le payement des honoraires, les sujets favoris de la troupe, nullement embarrassés de se faire autre part une position meilleure, avaient donné congé à la direction, qui, vu son insolvabilité, n’avait aucun moyen de s’y opposer. J’éprouvai alors une véritable appréhension : il me parut plus que douteux qu’une représentation de ma Défense d’aimer pût avoir lieu. La grande popularité dont je jouissais auprès de toute la troupe me procura l’unique avantage de pouvoir décider les chanteurs, non seulement à prolonger leur séjour jusqu’à la fin du mois de mars, mais encore à entreprendre l’étude de mon opéra, étude bien fatigante, étant donné le peu de temps. Ce temps, dans le cas où deux représentations auraient lieu, était si chichement mesuré, que nous avions dix jours seulement pour faire toutes les répétitions. Comme il ne s’agissait nullement d’une opérette facile, mais, en dépit du caractère léger de la musique, d’un grand opéra, avec des morceaux d’ensemble nom-