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chacun l’aura certes compris qui, contraint par le précédent gigantesque de Beethoven, se sentit tenu de toujours donner à ses œuvres cette même désignation. Et, outre la contrainte de la coutume reçue, il en était une autre bien plus lourde que devait subir le compositeur : celle de la forme même. Quiconque veut se rendre compte des particularités de cette forme devra se représenter l’histoire de l’ouverture depuis que celle-ci existe, et verra alors avec stupeur que cette ouverture était en principe une danse que l’orchestre jouait pour préluder à une représentation scénique. Alors il ne pourra qu’admirer le résultat de la marche des temps et des trouvailles de génie dues aux grands maîtres.

Et ce n’est pas seulement l’ouverture dont la forme originelle était soit une danse, soit une marche ; toute pièce instrumentale indépendante a la même provenance, et une suite de telles pièces, ou encore une pièce formée de la fusion de plusieurs formes de danses, s’appelait une « symphonie ». Le noyau, le schème de la symphonie se trouve, aujourd’hui encore, dans le troisième mouvement de celle-ci, le menuet ou le scherzo, où ce schème devient subitement visible dans toute sa naïveté primitive, comme