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ACTE PREMIER


Scène DEUXIÈME.




Les Mêmes, TRISTAN et KOURWENAL au fond ; Matelots et Chevaliers.

 
Au moment où Brangaine écarte les tentures, le regard du spectateur embrasse le navire dans toute sa longueur, jusqu’au gouvernail. Au-delà les flots de la mer, bornés par l’horizon. — Des matelots sont couchés sur le pont autour du grand mât, ils travaillent à des cordages. Plus loin, à la poupe, des chevaliers et des écuyers ; ils sont également étendus sur le pont. — À quelque distance, d’eux, Tristan debout et les bras croisés, plonge son regard pensif dans les vagues. À ses pieds Kourwenal étendu négligemment. On entend de nouveau du haut du mât la voix du jeune matelot.

LE MATELOT.

Adieu ! la belle, et pour toujours !
Ainsi finissent nos amours !
Sous tes soupirs, la voile
Fait palpiter sa toile !
Chante, souffle, ô zéphyr !
Pleure, souffre à mourir

YSEULT,
son regard est allé droit à Tristan et reste fixement attaché sur lui.

Cœur élu ! —
Cœur perdu ! —
Âme fière ! — âme lâche ! —
Front marqué par le sort, —
Tête où plane la mort ! —

à Brangaine.

Que dis-tu de ce serf ?

BRANGAINE,
suivant la direction de son regard.

Que dis-tu de ce serf ? Quel serf ?

YSEULT.

Que dis-tu de ce serf ? Quel serf ? Vois ! — il se cache !