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ACTE PREMIER

Il faut qu’Yseult le sache,
Tant pis, si ça la fâche !

Tandis que Tristan, par des signes, s’efforce d’imposer silence, à Kourwenal, Brangaine, offensée, se retire. Kourwenal la poursuit, en chantant à pleine voix.

Morold s’en va, bravant les flots,
Lever tribut en Angleterre. —
Une île flotte au sein des eaux,
C’est là qu’il gît en terre !
Sa tête, on en a fait présent
À celle qui pleurait l’absent !
Gloire ! au héros Tristan,
Le vainqueur du forban !

Kourwenal, morigéné par Tristan, descend dans l’intérieur du navire. Brangaine, toute confuse, est retournée vers Yseult. Elle ferme, derrière elle, les tentures, tandis que l’équipage reprend le refrain de la chanson de Kourwenal.

LES MATELOTS.

Sa tête, on en a fait présent
À celle qui pleurait l’absent !
Gloire ! au héros Tristan,
Le vainqueur du forban !



Scène TROISIÈME.



YSEULT et BRANGAINE, seules dans la tente, dont les tapisseries cachent de nouveau l’arrière du navire. Yseult se lève avec des gestes de colère et de désespoir. Brangaine se jette à ses pieds.

BRANGAINE.

Oh ! l’indigne, l’infâme outrage !