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Page:Wagner - Tristan et Yseult, 1886, trad. Wilder.djvu/55

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ACTE DEUXIÈME


YSEULT,
avec une exaltation croissante.

Son mensonge m’est odieux !

TRISTAN.

Dans son ombre, veux-tu que la nuit nous enlace ?

YSEULT.

Oui, j’y consens ; — oui, je le veux !

Elle se lève et s’avance d’un pas décidé. Tristan la suit et la prend dans ses bras avec une passion délirante.


TOUS DEUX.

Ô chère nuit, douce nuit !
Ombre auguste, où l’amour sourit !
Gouffre sublime,
Où sans effroi,
Je me plonge et m’abîme ;
Sur nous referme toi ! —
Ô mort chérie,
Ô mort bénie,
Ô radieux trépas d’amour.
Rends plus étroite notre chaîne ;
Et sous ton haleine,
Confonds nos âmes, sans retour ! —
Ô douceur, ô paix profonde,
Vivre ensemble loin du monde
Loin du jour ;
Sans angoisses, sans alarmes, —
Dans un rêve plein de charmes !
Ô transport,
Ô tendresse !
Doux accord,
Chaste ivresse !
Feu vainqueur,