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ACTE DEUXIÈME

Sainte flamme ;
Rien qu’un cœur,
Rien qu’une âme !
Mêmes rêves, mêmes vœux,
Une essence pour nous deux :
La tienne est la mienne,
La mienne est la tienne,
Ton nom est le mien,
Mon nom est le tien. —
Doux prodige, doux miracle,
Sans entrave, sans obstacle,
Sans réserve et sans détours,
L’un à l’autre pour toujours !
Dans l’espace sans limite,
Où la sainte paix habite,
Dans les siècles infinis,
À jamais soyons unis ! —


Scène TROISIÈME.



YSEULT, TRISTAN, BRANGAINE, KOURWENAL, puis MÉLOT, MARKE et sa suite.


KOURWENAL,
entrant précipitamment l’épée à la main.

Sauve-toi, maître !

Il regarde avec terreur derrière lui. Marke, Mélot et quelques courtisans en habit de chasse, entrent vivement par une des allées et s’arrêtent stupéfaits, devant le groupe des amants. En même temps, Brangaine, descendu ede la tour, accourt vers sa maîtresse. Yseult, dominée par un sentiment de pudeur, détourne le visage et s’appuie contre le banc de verdure. Tristan, d’un mouvement automatique, étend les plis de son manteau, dont il voile Yseult au regard des assistants. Dans cette attitude, il demeure immobile et les yeux fixés sur les courtisans, qui le regardent et semblent agités de sentiments divers. Le jour commence à poindre.