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Page:Wagner - Tristan et Yseult, 1886, trad. Wilder.djvu/57

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ACTE DEUXIÈME


TRISTAN.

Le triste jour, pour la dernière fois !

MÉLOT, à Marke.

Sire ! voilà le traître ! —
L’ai-je accusé sans droits ? —
Quand j’engageais ma tête,
Avais-je trop risqué ? —
La preuve de son crime est faite,
Le suborneur est démasqué
Et Mélot t’a montré son zèle !

MARKE,
après une vive commotion et d’une voix tremblante.

Zèle cruel ! zèle fatal !

S’adressant à Tristan.

C’est donc à toi, l’ami le plus loyal,
C’est donc à toi, le preux le plus fidèle,
Que je dois demander raison
De cette infâme et lâche trahison ? —
Ô misère ! ô bassesse !
Celui qui trompe ma vieillesse
C’est le fils de mon cœur, mon bien-aimé Tristan !

TRISTAN,
avec des gestes violents et convulsifs.

Spectre du jour, ombre odieuse,
Fuis loin d’ici ; va-t-en ! va-t-en !

MARKE,
avec une émotion profonde.

Ô douleur ! ô torture affreuse !
Où donc es-tu, vertu des temps meilleurs,
Ô loyauté, fierté des nobles cœurs,
Si, sans pudeur, Tristan te chasse de son âme ! —