Page:Wailly - Éléments de paléographie, I.djvu/28

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actes qui portent les noms de quatre consuls, parce qu’on y désignait les consuls ordinaires, et peut-être des consuls honoraires ou subrogés. On marquait aussi quelquefois les consuls désignés. Lorsque Justin eut réservé le consulat aux empereurs, on data du consulat ou du post-consulat de l’empereur régnant, c’est-à-dire de l’année qui avait suivi la prise de possession du consulat[1]. Cette date ne s’est pas maintenue au delà du IXe siècle dans les diplômes impériaux. Trop de personnes s’attribuèrent le titre de consul pour que les empereurs fussent jaloux de le conserver.

Ce fut alors que la date de l’empire, qui avait déjà été employée depuis plusieurs siècles, exclut définitivement celle des consuls. On avait compté d’abord le règne des empereurs romains du jour où ils avaient pris le titre d’Auguste, et non de l’époque où ils avaient été reconnus par le sénat ; mais à la fin du IIIe siècle et dans le IVe, on prit pour point de départ l’époque où ils avaient été nommés Césars. C’est par le même motif que, sous la seconde race, on vit s’établir l’usage de compter les années du règne d’un prince depuis le jour où son père l’avait désigné comme son successeur, soit par l’abandon d’une portion de ses états, soit par la cérémonie d’un sacre ou d’un couronnement. Mais, comme on substituait souvent à cette première époque celle de l’avènement définitif, les dates calculées sur la durée d’un règne présenteraient par ce seul motif de graves difficultés à résoudre. Et d’ailleurs, lors même que le commencement d’un règne était fixé d’une manière précise, on ne suivait pas une méthode uniforme dans le calcul des années. L’usage le plus ordinaire, comme le plus naturel, consistait à ne compter que les années complètes[2]. Supposons, par exemple, que l’avènement d’un prince ait eu lieu le 1er mai de l’an 1000 ; la seconde année de son règne s’ouvrait le 1er mai de l’an 1001. Mais il arrivait aussi que l’on comptait pour une année entière

  1. Sous Constantin Pogonat, disent les Bénédictins, l’usage de dater du consulat ou du postconsulat des empereurs éprouva un changement considérable. Au lieu de former une époque différente de leur avènement à l’empire, ces deux dates commencèrent en même temps. Mais, lorsqu’un nouvel empereur avait été associé à l’empire, les dates de son consulat et de son empire étaient distinguées l’une de l’autre : la première se prenait du temps auquel il avait commencé à gouverner en chef ; la seconde, de son association à la dignité impériale. » Cette confusion des années de l’empire et du post consulat remonte à l’avènement de Constantin Pogonat, c’est-à-dire à l’an 668. Voici, en effet, ce qu’on lit dans l’Art de vérifier les dates : « Jusqu’à Constantin Pogonat, les empereurs, depuis Justinien I, prenaient le consulat avec l’empire ; mais, au mois de janvier suivant, ils commençaient un nouveau consulat avec les solennités accoutumées ; et c’est depuis ce dernier consulat qu’il faut compter les années de leur post-consulat. Pogonat négligea le premier de se faire proclamer consul aux calendes de janvier qui suivirent son inauguration impériale, en quoi ses successeurs l’imitèrent. »
  2. Cet usage est presque toujours suivi dans le calcul des années du règne des rois d’Angleterre.