Page:Wailly - Éléments de paléographie, I.djvu/395

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On en trouve qui ne sont pas plus grandes qu’une carte à jouer ; d’autres, au contraire, couvrent une feuille de parchemin dans toute l’étendue quelle peut avoir. Quand la longueur des actes ne permettait pas de les écrire sur une seule feuille de parchemin, on formait, en cousant plusieurs peaux, des rouleaux qui avaient quelquefois une longueur prodigieuse : on peut citer pour exemple le rouleau de l’enquête contre les Templiers, qui existe aux Archives du royaume, et qui a plus de soixante et dix pieds de long. Aux points de réunion des différentes feuilles dont se compose ce rouleau, se trouvent deux, trois ou quelquefois quatre signatures, en forme d’estampilles, dont une portion seulement est marquée sur chaque feuille, afin que le rapprochement de la portion correspondante puisse servir de point de rapport ; ces feuilles sont d’ailleurs cousues les unes à la suite des autres. Souvent, par surcroît de précaution, on avait soin de sceller une ou plusieurs bandes de parchemin qui réunissaient entre elles les feuilles du rouleau. Dans des pièces d’une aussi grande étendue, il n’est pas rare de rencontrer des alinéa ; mais il n’en existe pas dans les chartes ordinaires, si ce n’est pour les signatures et les dates. Lorsqu’on ne voulait pas, pour compléter un acte, ajouter une seconde feuille de parchemin, on en écrivait la fin sur le verso de la feuille dont le recto avait été rempli. Ces actes, que l’on appelle opisthographes, se rencontrent rarement[1] parce qu’en général on avait soin de choisir une feuille de parchemin assez étendue pour que la totalité de l’acte pût tenir sur le recto. Il n’existe pas d’actes opisthographes sur papyrus ; mais dans les manuscrits les feuilles de papyrus sont, comme celles de parchemin, écrites sur le recto et sur le verso.

La peau de mouton, préparée en parchemin, peut avoir une blancheur éclatante, ou être d’un jaune sale. Ces deux couleurs et les teintes intermédiaires, dépendent ou de la qualité de la substance ou du mode de fabrication. Ce serait donc une erreur que de prendre pour un signe de vétusté, une teinte jaune plus ou moins foncée. S’il fallait, au contraire, juger de l’antiquité d’un titre par l’aspect seul du parchemin, on pourrait dire que la blancheur jointe à la finesse indiquerait en général qu’il est antérieur au xn’ siècle. On a aussi essayé de communiquer au parchemin une blancheur factice, mais cette préparation avait l’inconvénient de nuire à la conservation de l’écriture. Des essais du même genre paraissent avoir eu lieu pour lui donner une couleur de safran ; mais les auteurs ne s’accordent pas sur ce point. Quant

  1. Il ne faut pas considérer comme opisthographe les parchemins dont le revers présente une courte notice de l’acte. Ces sommaires se rencontrent sur presque toutes les chartes, et il n’est pas inutile de faire observer en passant qu’ils renferment souvent des erreurs quand ils sont d’une écriture beaucoup plus récente que celle du titre original.