Page:Wailly - Éléments de paléographie, I.djvu/394

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servi pour le parchemin. Mais il existe aux Archives du royaume plusieurs diplômes sur papyrus qui ne laissent aucun doute à cet égard. Il est facile d’apercevoir, dans l’intervalle des lignes de quelques-uns de ces actes, la trace de lignes plus anciennes et qui ont une direction à peu près parallèle à celle de la seconde écriture. Ces doubles lignes sont quelquefois assez rapprochées pour se confondre, et alors il devient difficile de distinguer l’ancienne écriture ; mais souvent elles sont complètement isolées, et par un examen attentif on arrive à reconnaître les vestiges des caractères primitifs dans toute l’étendue de l’acte. Parmi ces palimpsestes, il en est un dont l’ancienne écriture se distingue plus facilement encore, parce que les anciennes lignes coupent à angle droit la direction des lignes nouvelles. Cet acte est peut-être le seul où l’on déchiffrerait quelques mots, si la composition chimique de l’encre permettait d’employer avec succès quelqu’une des liqueurs qui font revivre les anciennes écritures.

Eumène, roi de Pergame, a été cité comme l’inventeur du parchemin ; mais il paraît probable que l’usage d’écrire sur la peau de mouton remontait à une plus haute antiquité, et qu’on a seulement perfectionné sous son règne la manière de la préparer. Cette hypothèse suffit pour expliquer le nom de pergamenum donné à cette substance. Les plus anciens manuscrits que l’on connaisse sont en parchemin ; mais il n’en est pas de même pour les actes, ou du moins les Bénédictins ne pensaient pas qu’il y eût des chartes sur parchemin qui fussent antérieures au vie siècle ; la plus ancienne de celles qui existent aux Archives du royaume ne remonte qu’à l’an 671. On pourrait citer ici un titre qui porte une date beaucoup plus reculée et que les Bénédictins ont défendu contre les attaques de Launoy et du P. Germon ; mais quelque respect que nous ayons pour l’avis des savants auteurs du Nouveau Traité de Diplomatique, il nous est impossible de faire remonter à l’an 558 le diplôme de Childebert en faveur du monastère de Saint-Vincent et de Sainte-Croix, depuis Saint-Germain des Prés. On ne peut y voir, à notre avis, qu’un renouvellement de l’acte primitif dont le texte a pu sans doute être conservé, mais dont l’écriture n’est pas antérieure au ixe siècle. En admettant d’ailleurs que cet acte soit original, il n’en serait pas moins prouvé qu’en fait les diplômes sur parchemin sont encore très-rares au viie siècle ; la charte de Childebert ne serait donc qu’une exception à la règle générale. En tous cas, un diplôme sur parchemin qui remonterait à la première moitié du viie siècle, devrait être considéré comme une singularité remarquable et soumis par conséquent à un examen scrupuleux.

Il n’y a aucune espèce de règle à donner sur les dimensions des chartes.