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de 1132[1]. C’est à partir du pontificat d’Alexandre II que les papes se servirent invariablement du terme d’incarnation dans les dates. Avant lui, on employait ordinairement la formule anno Domini.

Une bulle d’Urbain II, citée par les Bénédictins, est datée à la fois de l’an de l’Incarnation 1098, selon Denys, et de l’an 1121, secundum certiorem Evangelii probationem. Cette ère évangélique se retrouve aussi dans les principaux historiens de l’époque. On voit qu’elle précédait l’ère vulgaire de vingt-trois ans.

Enfin, on a daté aussi de l’année de la Passion, et comme les auteurs ne s’accordent pas entre eux sur la question de savoir si J. C. est mort à 32, à 33 ou à 34 ans, ce dernier système peut présenter une différence de deux ans avec la chronologie généralement adoptée. N’oublions pas non plus de faire remarquer, avec les auteurs de l’Art de vérifier les dates, que l’année de la Passion a été confondue quelquefois avec celle de l’Incarnation. Comme il en résulte alors une différence de plus de trente ans, il doit être facile en général de rectifier une erreur aussi considérable[2].

Quant à l’ère de l’Ascension, elle n’a été employée que par l’auteur de la Chronique d’Alexandrie. Nous nous contenterons d’avertir qu’elle a commencé avec l’an 39 de J. C.

À ces courtes indications ajoutons une dernière remarque : c’est que les différentes manières de commencer l’année ont été simultanément employées, non-seulement dans un même pays, mais encore dans un même corps d’ouvrage. En effet, les compilateurs composaient souvent leurs chroniques en copiant sans discernement des auteurs qui n’avaient pas suivi le même système de chronologie, et ils accumulaient ainsi des dates contradictoires dans la forme, quoiqu’au fond il soit presque toujours possible de les concilier. Mais comme toutes ces variations ne peuvent être indiquées dans des tableaux chronologiques, il faudra, quand on consultera ceux qui sont renfermés dans cet ouvrage, ne pas oublier que les années de l’ère chrétienne y sont calculées d’après la méthode qui est aujourd’hui universellement adoptée, c’est-à-dire que le commencement de ces années a été fixé uniformément au 1er janvier. Or ces années, que l’on peut appeler années normales, sont souvent en désaccord


    d’établir à cet égard des règles générales. On a préféré donner quelques indications pour chacun des empereurs, rois, papes, etc. Voyez la liste alphabétique des papes, des empereurs, etc.

  1. Dans les actes en langue vulgaire, on exprime souvent la date de l’ère chrétienne par cette formule : Quant li miliaire ou miliare corroit oar mil e dous cens e quatrevinz e neuf.
  2. Plusieurs chartes renferment aussi des dates incomplètes, et n’expriment, par exemple dans l’année 1347, que le nombre 347, ou même elles suppriment les centaines. Nous ferons aussi observer en passant qu’à partir du xie siècle, on datait quelquefois, surtout en Italie, de tant d’années après l’an mil, post mille.