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Et les concerts légers que le printemps amène
Avec ses rayons et ses fleurs ;
Les troupeaux mugissants, la verdoyante plaine,
Et les blancs papillons qui respirent l’haleine
Des violettes tout en pleurs ;

Et l’air nouveau chargé de parfums et de vie,
L’azur où luit le soleil d’or,
Réveillant de l’hiver la campagne ravie,
C’est toute une prière où le ciel nous convie
A nous sentir jeunes encor.

Entends les mille voix de la nature immense ;
Elles nous parlent tour à tour.
Ma belle, on les comprend souvent sans qu’on y pense :
Le rayon nous dit : « Dieu ! » la nature : « Espérance ! »
La violette dit : « Amour ! »


ZAIRA


« D’où vient que vous aimez de la sorte ? demanda encore Sahid. — Nos femmes sont belles et nos jeunes gens sont chastes, » répondit l’Arabe de la tribu d’Azra.
(Ebn-abi-hadlah, manuscrits, 1461-

1462. — Bibliothèque Royale.)

Le couchant s’éteignait voilé ;
Un air tiède, comme une haleine,
Sous le crépuscule étoilé
Flottait mollement sur la plaine.

L’Arabe amenait ses coursiers
Devant ses tentes entr’ouvertes.
Les platanes et les palmiers
Froissaient leurs longues feuilles vertes.

Son menton bruni dans la main,
Tout amoureusement penchée,
La jeune fille, un peu plus loin,
Sur une natte était couchée.

Ses yeux noirs, chargés de langueur,
De leurs cils ombraient son visage