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M. Jean Richepin a collaboré à la plupart des grands journaux parisiens.

M. Jean Richepin est né à Médéa, en Algérie, le 4 février 1849. Fils d’un médecin militaire, petit-fils de paysans, il fit de brillantes études au Lycée Napoléon, au Lycée de Douai et au Lycée Charlemagne (1859-1868), entra en 1868 à l’École normale supérieure, prit le grade de licencié ès lettres (1870), et s’engagea bientôt après dans un corps de francs-tireurs qui suivit les mouvements de l’armée de Bourbaki pendant la guerre franco-allemande. De 1871 à 1875, il mena une vie errante. Il fut tour à tour professeur libre, matelot, portefaix et débardeur à Naples et à Bordeaux, sans que cette existence aventureuse nuisit en rien à son activité cérébrale. Après avoir écrit, en 1871, dans La Vérité et dans le Corsaire, il débutait en 1873 au théâtre de la Tour-d’Auvergne, à la fois comme acteur et comme auteur dramatique, avec l’Etoile, pièce écrite en collaboration avec André Gill.

« M. Richepin était célèbre dans les cénacles du quartier latin où brillaient Ponchon, Sapeck, Rollinat, Bourget. Il l’était par une passion effrénée d’indépendance, par des théories sociales truculentes, par certaines excentricités, par l’effervescence du « sang touranien » qui, disait-il, circulait dans ses veines, par sa vigueur et son habileté dans tous les sports, par sa mâle beauté.

« En 1876, il conquit du premier coup le grand public par sa Chanson des Gueux, où, donnant libre carrière à sa verve, il exalta sans réticence « la poésie brutale de ces aventureux, de « ces hardis, de ces enfants en révolte à qui la société presque a toujours fut marâtre, et qui, ne trouvant pas de lait à la mamelle « de la mauvaise nourrice, mordent à même la chair pour calmer « leur faim »… Sur la dénonciation du Charivari, le poème fut saisi le 24 mai 1876, et M. Jean Richepin fut condamné le 15 juillet, par le tribunal de police correctionnelle, à un mois de prison et à 500 francs d’amende, pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs. » Il purgea sa condamnation à Sainte-Pélagie… puis continua de travailler et d’écrire pour la gloire et pour le triomphe de la justice sociale, et plus que jamais s’attacha à « démolir les préjugés » et à défendre la cause des humbles et des opprimés.

« Non content de collaborer à des journaux littéraires comme le Gil Blas, il donnait coup sur coup des études de mœurs, des romans, des poèmes et des drames. Les Caresses (1877), Les Blasphèmes (1884), et La Mer(1886), continuent logiquement La Chanson des Gueux.

« Avec de prodigieux effets de métrique, une richesse et une saveur de vocabulaire qui rappellent la manière de Rabelais, le poète chanta l’amour et la douleur, glorifia les beautés et les