Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t2, 8e mille.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fureurs de la mer, renversa comme un torrent brutal toutes les « superstitions théologiques », toutes les « chimères scientifiques », toutes les « douces et belles illusions » dont vit l’humanité, et il compléta cette œuvre de destruction par une analyse desséchante du moi : Mes Paradis (1894).

« Dans ses romans, il recherchait l’étude des sensations curieuses, des monstruosités psychologiques, des curiosités de mœurs. Les Morts bizarres (1876) sont un extraordinaire recueil d’atrocités, de trépas inédits, de peintures de douleurs inouïes. Madame André (1878) et Césarine (1855) sont de supérieures études de psychologie où la fiction serre de si près la réalité, qu’elles semblent le récit d’aventures vécues. Le Pavé (1883 ; est une série de tableautins, vivement peints, représentant les types singuliers qui évoluent dans les rues de Paris, les spectacles qui mettent à nu les difformités de la grande ville. Puis toute une collection de monographies consacrées aux humbles et pittoresques bohèmes, paysans, truands que l’auteur affectionne : Miarka, la fille a l’ourse (1883), Les Braves Gens (1886), Le Cadet (1890), Truandâmes (1890), La Miseloque[1892), Flamboche (1895).

« Au théâtre, M. Jean Richepin a apporté les mêmes préoccupations. Ses drames en vers, écrits dans la même langue opulente et éclatante, expriment les mêmes sentiments de mépris violent pour les conventions sociales. Vers la joie (1894), Le Chemineau (1897), Les Truands (1899), font le procès de la vie studieuse et contemplative, de la vie des villes, pour exalter la vie libre, fût-elle en marge des lois sociales.

« L’œuvre que nous venons d’analyser brièvement est déjà considérable, elle est d’un rude et laborieux ouvrier. Mais, pour être à peu près complet, il faut mentionner encore : Les Étapes d’un réfractaire (1872), La Glu (1881), roman qui décrit avec une lucidité poignante la morbide action de certaines maîtresses sur les sens et, par eux, sur le caractère de certains amants ; Quatre Petits Romans (1882) ; Nana-Sahib, drame où l’auteur joua lui même le premier rôle, avec Sarah Bernhardt, en 1883 ; Macbeth, drame en vers (1884) ; Sappho (1834) ; Sophie Monnier, maîtresse de Mirabeau (1884) ; Monsieur Scapin (1886), étourdissante reconstitution de la vieille comédie ; Le Flibustier, comédie en vers (1888), qui met en jeu les événements de la vie ordinaire des populations maritimes ; Par le Glaive, drame (1892) ; L’Aimé (1893) ; Les Grandes Amoureuses (1896) ; Théâtre chimérique, 27 actes en prose et en vers (1896) ; La Martyre (1893), mettant en scène le conflit entre le paganisme et le christianisme ; Le Chien de garde, drame (1898) ; Contes de la décadence romaine (1898) ; La Bombarde, contes à chanter (1899) ; Lagibasse, roman magique (1899) ; Contes espagnols (1901). »

M. Jean Richepin a fait de fréquents voyages, à diverses époques échelonnées de 1872 à ce jour. Sans compter de nombreux