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Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t2, 8e mille.djvu/50

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ANTHOLOGIE DES POÈTES FRANÇAIS

Vous qu’un sein joyeux a nourris
De lait blanc, de rêves fleuris,
D’amour, sans mélanges farouches
De sang ni de fièvre, ô chéris,
Sur le lin rose de vos bouches !

Riez bien, les frais innocents,
Émerveillez-vous bien des choses ;
Riez aux oiselets naissants,
Au ciel, aux astres fleurissants,
Aux arbres, aux moissons, aux roses,
À tout ! — Vous êtes innocents
Et ne connaissez rien des choses !

Trop tôt votre cœur n’aura plus
— Défeuillé de ses ignorances —
De nids pour les rires joufflus !
Et les rappels sont superflus
Des sereines indifférences,
Quand, tout brumeux, le cœur n’a plus
Son fouillis feuillu d’ignorances !

Riez, les poupons potelés
Aux bouchettes de lin sauvage !
Riez vos rires étoiles !
Rossignolets, rossignolez
Votre printanier babillage !…
Ô les blonds poupons potelés
Aux bouchettes de lin sauvage !

(Aux Bords du Lez.)


CRÉPUSCULE AU BORD DU LEZ


Je veux, assise emmi les blondes amarines,
Subir l’enchantement des extases divines
Au bord des eaux,
Et, dans l’ambre fluide et frais des crépuscules,
Laisser vibrer mon âme avec les libellules
Et les roseaux ;

Car le rêve, tandis que s’anuitent les prées
En la calme tiédeur de ces belles vêprées,
Devient lueur,