Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/168

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Et chaque feuille d’or tombe, l’heure venue,
Ainsi qu’un souvenir, lente, sur le gazon.

Le Silence entre nous marche… Cœurs de mensonges,
Chacun, las du voyage, et mû par d’autres songes,
Rêve égoïstement de retourner au port.

Mais les bois ont, ce soir, tant de mélancolie,
Que notre cœur s’émeut à son tour et s’oublie
A parler du passé, sous le ciel qui s’endort,

Doucement, à mi-voix, comme d’un enfant mort.

(Au Jardin de l’Infante.)

SOIR

Le ciel comme un lac d’or pâle s’évanouit ;
On dirait que la plaine, au loin déserte, pense ;
Et dans l’air élargi de vide et de silence
S’épanche la grande âme triste de la nuit.

Pendant que ça et là brillent d’humbles lumières,
Les grands bœufs accouplés rentrent par les chemins ;
Et les vieux en bonnet, le menton sur les mains,
Respirent le soir calme aux portes des chaumières.

Le paysage, où tinte une cloche, est plaintif
Et simple comme un doux tableau de primitif,
Où le Bon Pasteur mène un agneau blanc qui saute.

Les astres au ciel noir commencent à neiger,
Et, là-bas, immobile au sommet de la côte,
Rêve la silhouette antique d’un berger.

(Au Jardin de l’Infante.) ’> SOIR

Le Séraphin des soirs passe le long des fleurs…
La Dame-aux-Songes chante à l’orgue de l’église ;
Et le ciel, où la fin du jour se subtilise,
Prolonge une agonie exquise de couleurs.

Le Séraphin des soirs passe le long des cœurs…
Les vierges au balcon boivent l’amour des brises ;