Un h un, dans l’eau qui dort,
J’ai jeté trois écus d’or,
Toute ma fortune.
Et, pauvre fou, j’ignorais
Qu’avec eux mon cœur tombait
Dans cette eau profonde.
C’était pour te faire voir
Que j’aimais mieux tes yeux noirs
Que les biens du monde.
« A mes oreilles je veux,
M’as-tu dit, des onyx bleus :
Fais le tour du monde,
Comme le marin Simbad ;
Fais-moi reine de Bagdad
Ou de Trébizonde… »
Je t’ai répondu : « Je pars ! »
Et le soir même, au hasard,
Cherchant un royaume,
Je marchais sur les chemins.
Les passants, joignant les mains,
Disaient : « Le pauvre homme ! >i
Je mis un manteau de deuil
Et je frappai sur le seuil
D une hôtellerie,
Pour apprendre l’art du règne
Au pays des vins qui saignent
Et de la folie.
J’ai dit : « Qu’on me donne à boire !
C’est une bien triste histoire,
Monsieur l’hôtelier !
Vous croirez que c’est un conte,
Si ce soir je vous la conte,
Sous ces espaliers.
« Elle a l’air d’une pervenche
Et porte des robes blanches
Sous ses boucles d’or ;
Elle est naïve, elle est belle ;
Mais, pour être aimé par elle,
Il faut beaucoup d’or.
Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/274
Cette page n’a pas encore été corrigée