Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/331

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Mon âme doucement pleure dons la nuit claire,
Pleure si doucement,
Qu’on ne sait si c’est un jet d’eau crépusculaire,
Ou si c’est mon tourment..

Mon âme de langueur mièvre et blanche se fane,
De si blanche langueur,
Qu’on ne sait si c’est un lys vierge e.t diaphane,
Ou mon âme qui meurt…

(L’Ombre Amoureuse.)

PANTHÉISME

Les soirs silencieux, pleins de rumeurs obscures,
Qui rôdent au-dessus des berges et des routes,
Enveloppent de paix le rêveur aux écoutes
Pour saisir les secrets chantant dans les ramures.

La chair, dont l’ombre douce a calmé les brûlures,
Et l’âme rafraîchie, où s’endorment les doutes,
Aux palpitations des nuits tressaillent toutes :
Murmures et frissons parmi d’autres murmures…

Car c’est l’heure ineffable où l’homme se libère,
En oubliant qu’il est, qu’il souffre et qu’il espère ;
La poitrine élargie, et, sous sa peau tendue,

Sentant la vie énorme et sainte qui ruisselle,
Il chante avec la Terre, ivre, et l’àme perdue
Au fleuve harmonieux de l’Ame universelle.

(L’Ombre Amoureuse.)

LE DÉDAIN

Si, dans ton cœur ardent et ta volonté pure,
Tu veux l’avènement de ton rêve hautain,
Entre le monde et lui, qu’une digue d’airain
Empêche un flot boueux d’y verser sa souillure.

Le fleuve des cités, qu’entrave une arche obscure,
Aux champs bleus du matin riait en ses roseaux,
Et l’aurore effeuillait des roses dans ses eaux…