Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/38

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Reflués en la haute récolte pensante ;
Tout nous rassure, tout nous repose des travaux vains et ru Tout est vide, tout est plus clair.

Les routes blanches ouvrent des sillons stériles de lumière
A travers l’espace moissonné,
Et l’on n’y voit plus s’aveugler
A les suivre on ne sait où
La file des ombres vagabondes
Qui sans savoir comment s’arrêter
Quelque part par le monde
N’importe où !
Couchent tout de leur long dans la pleine lumière
Leur sieste résignée…

Midi.

Des rayons tombent du toit de blé
Sur nous, à travers l’ombre,

En chutes lourdes de leurs têtes scintillantes d’épis
Qui se brisent, et à nos côtés
Tassent une légère litière, —

Chutes sans doute présages des vives pluies d’étoiles
Qui la prochaine nuit pure de conscience mûrie
Glisseront du toit de blé

Sur nous, en éparpillement de gouttes claires
Comme la rosée d’une paix royale.

Mais plus immobile, n’est l’heure.
Le vent du soir se lève

Qui disperse les rayons drus comme des pailles.
Les voix reprennent du labeur ;
Les ombres des routes se lèvent
Secouant leur sommeil de lumière.
Un frissonnant désordre de sonnailles
Annonce l’approche des troupeaux
Qui paissent plus près de leur clos ;
Le berger gourmande l’émoi des chiens ;
Les brebis bêlent ;
Tout s’inquiète encor des travaux,
Avant la nuit, rudes et vains,
Tandis que vont, dolents, les grands bœufs blancs
Déjà, qui sur le retour des choses éternelles
Promènent la herse qui nivelle…