Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/391

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Mais vint l’instant où, sombre, avec des airs de veuve,
La forêt vit mourir le radieux soleil :
Les nuages errants se teintaient d’or vermeil,
Et les nids s’étaient tus dans la fronduison neuve.

Et tu me dis, soudain, consciente du sort :
— Un jour, nos yeux seront éteints, nos lèvres closes.
O saveur du baiser ! éclat divin des roses !
Que nous restern-t-il de vous après la mort ? »

La nature, à présent, paraissait recueillie ;
Au couchant s’attardait une vague rougeur ;
Les acacias noirs nous versaient leur fraîcheur,
Et nos cœurs s’emplissaient d’âpre mélancolie.

AUTOMNE ANCIEN

Aujourd’hui que les’bois commencent à jaunir,
Je revis en pensée un identique automne ;
Ta lèvre nu pur sourire et ton front qui s’étonne
S’évoquent, embellis du lointain souvenir.

Images d’autrefois, rien ne vous peut ternir !

— Voilà notre maison, un lierre la festonne ;
Ici, c’est la fenêtre aux rideaux de cretonne,
Où, souvent, accoudés, nous parlons d’avenir.

Elle ouvre sur le port, où mâts, agrès et voiles
Semblent nous convier à voir d’autres étoiles
Et l’australe splendeur des minuits sur la mer…

Si bien que, prêts alors aux plus hardis voyages,
Nous aimonsjaplanir, sans crainte et doute amer,
La Vie aux profondeurs grosses de tant d’orages.

[Vert incdil«.)