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ÉPOQUE LOUIS XIII

I

GENTILHOMME DU BEL AIR

Son épée en verrouil et des éperons d’or,
Le feutre aux larges bords accrèté d’une plume,
Orgueilleux des splendeurs de son rouge costume,
S’avance, noble et beau, le galant Philidor.

— « A la place Royale, où tu prends ton essor,
Ce pourpoint de chasseur est étrange coutume ;
Puisque ton col vidé’ d’ambre gris se parfume,
Sans doute, tu vas voir Orphise, doux trésor !

Mets donc et bas de soie et souliers à rosette ;
De ta perruque blonde épands la cadenette
Sur l’habit colombin qui te fera vainqueur… »

— « Orphise m’a quitté, c’est Lycidas qu’elle aime,
Et mon ajustement est un parlant emblème :
Je suis parti, ce soir, à la chasse d’un cœur ! »

II

DAME DÉVOTE

Un tulle noir tendu sur un réseau d’archal
Enveloppe sa tête austère et pudibonde
Que fièrement relève un grand col en rotonde,
Dans un accoutrement rigide et monacal.

Emprisonnant les seins dans son fourreau brutal,
Le corset, placé haut, guinde la taille ronde ;
Et quelle symétrie à la jupe profonde
Dont chaque tuyau tombe à renflement égal !

Les gants à la Phyllis protègent ses mains blanches ;
Elle marche, les bras écartés par des manches
Gonflant avec ampleur leur ballon tailladé.

1. En 1625, dit Racinet, le col, après avoir été en rotonde, était retombé sur les épaules. On lui donnait le nom do col vidé.