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HIVER

A ma sœur Alice.

Ma sœur, voici les jours sans joie
Où le regard des ciels d’hiver
A travers des pleurs s’apitoie
Sur la détresse de la mer.

Le paisible attrait des mers pleines,
Ma sœur, ne le jalouse plus,
Ni la voix douce des sirènes
Qui me troublait avec le flux.

Durant les longs mois d’hivernage,
Sous le manteau gris des brouillards,
Les barques vides au mouillage
Oublieront l’orgueil des départs.

Et nous, oublions-le comme elles.
Sur les eaux souffle un air glacé.
Vous aussi, repliez vos ailes,
O mes rêves des mois passés.

Sous le vent qui fouette leur plume,
Les pauvres goélands ont froid.
Voici venus les jours de brume,
Ma sœur, et je reviens vers toi.

En quittant la plage déserte,
Je sais qu’au bout de l’escalier
Je trouverai ta porte ouverte
Et ton sourire coutumier.

Je sais qu’il fait bon dans ta chambre,
Et que c’est un réduit bien clos
Où la bise âpre de novembre
N’effraiera point nos lents propos.

Près de la fenêtre où tu brodes.
Cependant que la grève en deuil
Pleure les beaux jours en exode,
Je roulerai le vieux fauteuil.