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Les Rois en Exil, pièce écrite en collaboration avec Alphonse Daudet et représentée sur la scène du Théâtre du Vaudeville en 1883 (Dentu, Paris, 1883).

Paul Delair a collaboré à divers journaux et revues, et notamment à la Renaissance, au Voltaire, au Gil Blas, à la République française, au Temps, etc.

Paul Delair, né à Montereau (Seine-et-Marne) le 24 octobre 1842, d’un employé à la fabrique de faïences de cette ville, et d’une paysanne de Chéroy (Yonne), Élisabeth Amena, mort à Paris — on il était arrivé dès l’âge de sept ans — le 19 janvier 1894, a écrit des poésies lyriques, des récits épiques et dramatiques, du théâtre en vers et en prose, des romans et des nouvelles. Son labeur a été incessant jusqu’à sa mort, causée par une grave affection de poitrine.

Paul Delair a expliqué dans ses vers comment, dès ses premières années, dans sa petite ville natale, il avait éprouvé le sentiment obscur d’une existence antérieure et cru retrouver des images familières dans les èlres et les choses qui l’entouraient :


Et c’était bien l’écho, l’écho secret des choses,
Car sitôt qu’il vibra, mystérieux pouvoir,
Le Ciel, le bourg, les eaux par le pré sombre encloses,
Tout ce que je voyais, je croyais le revoir !


Il resta longtemps sous l’influence de ce sentiment, et, jeune homme, — au moment même où il devait interrompre, pour se consacrer aux siens, les études brillantes que son père lui avait fait commencer au collège Chaptal, — devint un admirateur de Jean Reynaud et des doctrines de l’Immortalité qu’il avait restaurées. Vers la même époque, la lecture de l’Ahasvérus d’Edgar Quinet lui lut une révélation et le confirma dans la direction que son esprit avait prise.

Son premier volume. Les Nuits et les Réveils, publié chez Lemerre en juillet 1870, montre son esprit déjà forme à cette noble école ; il est plein d’ardeur et de rêve, de mélancolie colorée, de stoïcisme.

De 1872 jusqu’à sa fin, Delair, dont les premiers essais s’étaient rattachés au genre épique (des poèmes sur Perceval le Gallois et Jeanne d’Arc), travailla constamment pour le théâtre : « La poésie lyrique, ou didactique, écrivait-il a Sully Prudhomme en 1874, exige chez le poète un moi très rigoureux qui puisse déborder sans cesse sans perdre son centre. Au fond, moi, je ne suis heureux que quand je me fais autre et d’un autre temps, et ce qui m’attire dans le drame, c’est que c’est pour son auteur une métempsycose… »

Malgré cette appréciation, Delair ne cessa jamais de s’adon-