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Sur les larges gradins rayés d’ombres obliques,
Un lézard, débandant son S hiératique,
Sillonne l’ocre d’or de preste foudre verte.

(Notes et Poèmes.)


RÊVERIE

 
Berger las du troupeau sentimental des heures
Solaires au Brocken nu des nuits spirituelles,
Sur le fond merveilleux des cieux intérieurs,
Je regarde monter mon Ombre essentielle.

Moi ?

Bulle instable où le présent se mire ;

Moi ?
Bulle que les passés organiques gonflèrent.
Moi ?
Tentacule, issu des limbes millénaires,
Que la poussée des jours nouveaux étire ;

Moi ?
Bouture
De l’hydre Humanité
Qui gonfle et multiplie son milliard de têtes
À la conquête du futur.

Moi ?

Jadis, au marais des genèses primaires,
Un geste aventureux de monade erratique
— Amibe précurseur des vies élémentaires —
Parmi l’obscur vagissement du flux panique
Ébaucha mon rêve : Univers.

Remous central des énergies de l’Infini,
L’âme, tapie au fond des organismes,
Tisse, sur l’armature des os et de la chair,
L’aranéen filet des nerfs
Qui drague, hors des flots inconscients, le Monde.
Enracinée aux générations profondes
Où le monde et les nerfs l’un l’autre se révèlent,
Mon âme, épanouie en des cerveaux plus fiers,