Suspend au thyrse d’or des Lois universelles,
En grappes de clarté vivante, la Matière.
Eucharistie !
Le Cosmos éternel est ma chair et mon sang :
Le Cosmos tout humain palpite à mes artères
En élixir vivant ;
— Et, rougeoyant aux feux des suprêmes chimies,
Jusqu’aux tréfonds incalculables du passé,
Jusqu’au perpétuel futur de la matière,
Cet instant-roi,
Globule fulminant d’ineffable pensée,
Roule dans le creuset de mon âme éphémère
La gravitation éternelle — de moi.
— Non Moi ?
Bolide instantané
Craqué, phosphore, à la muraille du Néant.
— Qu’importe !
Un soir unique,
Un soir adamantin de suprême synthèse,
Battit en moi le cœur de la Force panique ;
Et, contempteur des immortalités niaises,
— Pulvis es ! — je t’accueille en orgueil radieux,
Imbécile néant de la Toute-Poussière ;
Mais, jusqu’au dernier jour, tu rouleras, ô Terre,
Par l’aveugle Cosmos la poussière d’un dieu !