Page:Walch - Poètes d’hier et d’aujourd’hui, 1916.djvu/462

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Et tu disais : « Mon mal est comme un grand amant.
Hier il me rudoyait, maintenant il me pare.
Ces lys-là, sur mon front, viennent de son tourment,
Ma bouche saigne encor de son désir barbare ;
Mais les roses de fièvre, aux pétales épars,
Dont le rose déteint demeure sur ma joue,
C’est lui qui me les donne alors qu’il se fait tard,
Pour que dans l’insomnie avec elles je joue ;
Dans mes yeux de lumière et que tu aimes tant
Ces massifs de bleuets, ces rangs de violettes,
C’est lui qui les rend grands et beaux en y versant
Les émouvantes eaux de mes larmes secrètes. »

Moi je pensais : « Quel peintre émouvant est la Mort,
La Mort qui fait éclore en toi des fleurs si belles
Et naître du désastre obscur d’un pauvre corps,
Chaque instant que tu meurs, quelque beauté nouvelle. »


(Du Livre de la Mort.)