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auguste.

Des deux côtés de la cheminée sont les lits. Un bénitier et une petite croix de bois sont attachés au chevet de ces lits, qui, faits à l’antique, ont quatre colonnes soutenant une espèce de dais, garni, comme les colonnes, en laine verte, ornée de galons rouges ou jaunes ; des rideaux, semblables au dais, en font tout le tour la nuit, et vous emprisonnent comme si vous étiez dans une boite. Ces rideaux se roulent le jour autour des colonnes. Le dedans des lits est fort bon ; il se compose de plumes et de laine ; leur hauteur est si extraordinaire qu’on ne peut y atteindre pour se coucher, qu’en montant sur des coffres étroits, qui sont placés le long des lits. Sur ces coffres, faits en bois de chêne ou de noyer, on voit souvent des petits lits d’enfants, nommés, dans le pays, baires. Ces petits lits ressemblent à un lit de poupée. Là dorment emmaillotés, et ficelés à ne pouvoir faire le moindre usage ni de leurs bras, ni de leurs pieds, de gros enfants aux faces rouges et barbouillées.

Les coffres sur lesquels on pose les petits baires, lorsque vient la nuit, servent à renfermer les vêtements des paysans, les cruches de lait, le pain et la farine : chacun d’eux a sa destination. Celui qui est consacré au lait, contient souvent jusqu’à dix ou douze grands pots de terre brune ; la plupart sont remplis de lait caillé recouvert d’une crème épaisse, qu’on enlève avec précaution, et qui sert à faire le beurre ; les autres contiennent d’excellent lait, bien différent de celui que l’on boit à Paris, les vaches étant toujours en liberté et paissant les meilleurs pâturages : tandis qu’à Paris les pauvres bêtes sont toujours renfermées dans leurs étables, ne prenant ni air ni exercice, ne broutant que du regain, et bien rarement un peu d’herbe fraîche cueillie dans les champs. Leur lait se ressent de ce triste régime.

Le coffre consacré au pain en contient toujours une grande quantité, sans compter ceux qui sont placés sur une