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auguste.

ne parviendrais-tu pas à la trouver, si ce n’est bonne, du moins passable ?

— Ah ! papa, Delriau ne l’aime pas, je vous assure. Celles que fait Véronique sont si différentes ! à la bonne heure, ces galettes-là, on se ferait fouetter pour en manger ! » à ces mots, tous les enfants éclatèrent de rire, et M. Dorigny lui-même ne peut garder son sérieux.

Auguste n’était pas gourmand. Il retourna chez Jacqueline ; il mangea de la galette ; il fit moins la grimace ; il y retourna encore, et finit par ne plus la faire du tout.

« Ce n’est pas que ce soit bon, disait-il en revenant avec son père, mais c’est moins mauvais que je croyais, et je sens que je m’y ferai. » M. Dorigny l’embrassa, et lui dit : « Je suis content de toi. » Cette parole, tombant de la bouche d’un père, est la plus douce récompense que puisse recevoir un enfant. Auguste rougit de joie, et baisa la main de son père.

Il fallut revenir à Paris ; quitter les bois, les champs, les oiseaux, les fleurs, les poissons, les poules, les agneaux, et Véronique ! cette bonne Véronique, tant aimée des enfants de M. Dorigny ! elle les serra dans ses bras, en leur disant adieu et en pleurant sur leurs jeunes et fraîches têtes, inclinées sur son sein. Puis, quand vint le tour de son fils, de son cher Delriau, elle le bénit et lui recommanda en pleurant de ne jamais oublier son village.

Laure et Amélie retrouvèrent à Paris leurs jolies colombes, qui battirent des ailes en les revoyant.

Auguste retrouva M. Mauriel, les Grecs et les Romains, les bons points et les pensums, plus rares, il faut en convenir, que les bons points. Delriau courut à l’atelier de David, et se remit avec ardeur au travail. Plusieurs années se passèrent ainsi.

Laure et Amélie étaient devenues très fortes sur le piano :