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les petits

iv. — Loubette pleure.


Il fallut se quitter, les fêtes étaient finies ; Émereau se rembarqua et longea la côte des Sables-d’Olonne, avec sa femme et son fils. Ils firent une pêche abondante, et entrèrent dans Olonne. Pierre n’avait jamais vu de ville, mais il passa bientôt de l’admiration à la compassion.

— Que je plains les habitants ! disait-il à son père ; ils ne peuvent transporter ces lourdes maisons nulle part avec eux ; il faut, ou qu’ils y restent toujours, ou qu’ils laissent derrière eux leurs amis, leurs parents : comme ils doivent souffrir de l’absence ! Je ne donnerais pas la hutte de mon oncle ou la cabane de notre bateau pour la plus belle de ces maisons.

Émeriau serra fortement la main de son fils ; un sourire plein de joie et d’orgueil anima son rude visage, et il jeta sur Pierre un regard qui semblait dire :

— Tu es digne d’être mon fils.

Lorsque le poisson fut vendu et que le bateau, mobile et seule patrie du Collibert, eut mouillé dans ses parages accoutumés, Pierre, au lieu de se livrer à la paresse, comme beaucoup d’enfants auraient cherché à le faire, sentit qu’il devait réparer le temps perdu, et, à la grande satisfaction de son père, il recommença à s’occuper de la pêche et de la chasse avec plus d’ardeur que jamais. Quelquefois il lui arrivait de tressaillir en voyant tomber à ses pieds un oiseau dont les ailes en a’agitant venaient lui rappeler la sarcelle qu’il avait tuée en se promenant avec Loubette, et