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auguste.

Auguste en tressaillant, et que ces histoires-là ne sont pas bonnes pour de petites filles ?

— Ni pour de petits garçons, mon ami ; comment peux-tu croire qu’un portrait parle et marche ?

— Fifine dit que cela s’est vu souvent, et que dans les vieux châteaux…

— Vraiment, tu m’as l’air d’être, grâce à Joséphine, fort au courant des absurdes récits que j’éloigne de vous le plus que je puis. Elle n’a pas osé faire de semblables contes à tes sœurs ; elle a pensé que tu serais plus crédule qu’elles.

— Comment, papa, vous ne croyez point…

— Ne vois-tu pas, mon cher enfant, que l’on s’amuse à faire ces contes, et qu’on cherche à gagner de l’argent avec les livres qui renferment ces sottes histoires ! Tu auras beau me dire que tu as écouté celle-ci sans trembler, je ne te croirai pas ; ta bonne a voulu exercer sur toi l’empire de la peur, et s’amuser de l’effroi qu’elle te causerait.

— Mais, papa, vous ne croyez donc pas ?…

— Non, mon ami ; et cependant le fond de cette histoire est vrai, et je vais t’en conter la fin.

— Quoi ! papa ! s’écrièrent les trois enfants, vous connaissez cette histoire ?

— Oui, mes enfants, et j’ai de bonnes raisons pour cela : Joséphine ne t’a lu que la partie la plus effrayante ; tu vas voir, mon cher Auguste, qu’il n’y a rien de merveilleux dans la manière dont ce portrait savait marcher, éclairer la chambre, parler et faire la grimace.