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PROTECTRICES DES ANIMAUX.

Plusieurs espèces de coléoptères malacodermes présentent un nombre énorme d’individus ; elles possèdent probablement quelque moyen de protection analogue, d’autant plus que d’autres espèces leur ressemblent d’une manière frappante. Un coléoptère longicorne, le Pœciloderma terminale, originaire de la Jamaïque, porte exactement les mêmes couleurs que le Lycus, un des malacodermes de la même île ; on pourrait aussi confondre avec ce même groupe l’Eroschema poweri, longicorne australien ; et d’autres espèces de l’archipel malais sont également trompeuses. J’ai trouvé, dans l’île de Célèbes, un individu de ce groupe dont le corps et les élytres étaient en entier d’un beau bleu foncé, la tête seule étant orangée ; un insecte d’une famille tout à fait distincte (Eucuemida) l’accompagnait, il lui était si identique de couleur, si semblable de forme et de taille, que nous y étions trompés toutes les fois que nous réussissions à nous en emparer. M. Jenner Weir, qui possède une grande variété de petits oiseaux, m’a appris récemment que pas un d’entre eux ne veut toucher à nos Telephorus (espèce de malacodermes) ; ce qui confirme ma conviction qu’ils sont un groupe protégé : conviction fondée sur ce fait, qu’ils sont à la fois très-abondants, ornés de couleurs éclatantes, et font l’objet de l’imitation d’autres espèces.

Un nombre considérable de grands Curculionites des tropiques ont les élytres et toute l’enveloppe du corps si dures, qu’il est très-difficile de les percer avec une épingle, et j’ai trouvé nécessaire dans ces cas-là de percer un trou avec la pointe d’un canif avant d’essayer