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de fixer l’insecte : c’est ce qui m’est arrivé entre autres, pour plusieurs des Anthribida à longues antennes (un groupe allié). Nous pouvons facilement comprendre que, quand de petits oiseaux ont en vain essayé de manger ces insectes, ils parviennent à les reconnaître à première vue et les laissent dès lors en repos, et ce sera évidemment pour des insectes dont le corps est comparativement mou, un avantage d’être confondus avec eux.

Nous ne serons donc pas étonnés de trouver plusieurs longicornes très-semblables aux « coléoptères durs » du district qu’ils habitent.

L’Acanthotritus dorsalis du Brésil méridional est très-analogue à un Curculio du genre Heiliplus, et M. Bates m’assure avoir trouvé le Gymnocerus cratosomoïdes (longicorne) sur le même arbre qu’un cratosomus à enveloppe dure, qu’il imite parfaitement. Le Phallocera Batesii, aussi un longicorne, imite une des Anthribida du genre Ptychoderes, dont il reproduit les antennes longues et grêles. Le Cacia anthriboïdes, petit longicorne des Moluques, pourrait aisément être pris pour une espèce d’Anthribida très-commune qui se trouve dans les mêmes districts ; le Capnolymma slygium, qui est très-rare, imite de très-près le Mecocerus gazella commun, qui se trouvait en grande abondance dans le même endroit. Le Doliops curculionoides et d’autres longicornes alliés originaires des îles Philippines ressemblent d’une manière curieuse, par la forme et la couleur, aux brillants Pachyrhynchus, Curculionites qui sont presque restreints à ce groupe d’îles.