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LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

luques un genre de méliphages appelé Tropidorhynchus. Ce sont des oiseaux de taille assez grande, très-forts, très-alertes, munis de serres puissantes ; leur bec est long, pointu et recourbé. Ils se réunissent en petites troupes et poussent un cri très-sonore, qui s’entend à de grandes distances et leur sert à se rallier au moment du danger. Ils sont très-abondants et très-batailleurs, on les voit souvent chasser les corbeaux et même les oiseaux de proie qui viennent à se poser sur l’arbre où ils sont assemblés ; ils sont tous de couleurs ternes et plutôt sombres. Or, il y a dans les mêmes contrées un groupe d’Oriolides, formant le genre Mimeta. Ce sont des oiseaux beaucoup plus faibles que les précédents ; ils ont perdu la belle couleur dorée de leurs alliés les loriots, étant d’ordinaire bruns ou olivâtres, et quelquefois singulièrement semblables aux Tropidorhynchus ; par exemple, on trouve dans l’île de Bouru le Tropidorhynchus bouruensis, qui est d’une couleur terreuse, et le Mimeta bouruensis, qui lui ressemble dans les détails suivants : les surfaces supérieure et inférieure des deux oiseaux sont exactement des mêmes teintes, brun clair et brun foncé ; le Tropidorhynchus a autour des yeux une grande place noire dénudée de plumes : le Mimeta remplace cette tache par un cercle de plumes noires ; le sommet de la tête du Tropidorhynchus a une apparence écailleuse, due à de petites plumes étroites en forme d’écailles : chez le Mimeta, dont les plumes sont plus largos, ceci est rendu par une ligne grisâtre qui les dessine ; le Tropidorhynchus a une espèce de fraise formée de plumes pâles recourbées sur la nuque