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LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

celui du phalarope gris (Phalaropus fulicarius) : le plumage d’hiver est le même pour les deux sexes ; mais, en été, la femelle est beaucoup plus apparente, ayant la tête noire, les ailes foncées, et le dos d’un brun rougeâtre, tandis que le mâle est d’un brun presque uniforme, avec des taches sombres. M. Gould, dans son livre sur les « Oiseaux de la Grande-Bretagne », décrit les deux sexes dans le plumage d’été et celui d’hiver ; il fait observer cette étrange particularité que le rapport habituel des couleurs entre les deux sexes est ici renversé, et cet autre fait non moins curieux, que le mâle seul couve les œufs, déposés sur la terre nue.

Chez un autre oiseau de la Grande-Bretagne, le pluvier, la femelle est aussi plus grande et de couleurs plus brillantes que le mâle ; il parait que celui-ci aide à l’incubation, s’il ne l’accomplit pas entièrement ; car M. Gould nous apprend que l’on a tué certains de ces oiseaux qui avaient la poitrine déplumée, résultat dû à l’incubation. « La femelle du genre Turnix (petit oiseau qui ressemble à la caille) est généralement aussi plus grande, et offre des couleurs plus vives que le mâle ; et même, à ce que nous apprend M. Jerdon dans son livre sur les « Oiseaux de l’Inde », les indigènes racontent « que les femelles de ces espèces, pendant la saison des amours, abandonnent leurs œufs pour vivre réunies par bandes, pendant que les mâles se chargent de couver ; » on sait aussi que les femelles sont plus hardies, plus querelleuses que les mâles.

Notre manière de voir est encore confirmée par un autre fait, qui jusqu’à présent a passé inaperçu ; c’est