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LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

oiseaux ; ces deux caractères ont à leur tour agi et réagi l’un sur l’autre, et, sous l’influence de conditions nouvelles, l’un des deux a pu être modifié, tandis que l’autre, bien qu’inutile, était conservé par hérédité, constituant une apparente exception à une règle qui parait d’ailleurs générale.

En somme, les différences sexuelles de couleur chez les oiseaux, ainsi que leur mode de nicher, sont parfaitement d’accord avec la loi de l’adaptation protectrice des couleurs et des formes ; loi qui parait avoir gêné jusqu’à un certain point l’action puissante de la sélection sexuelle, en influant positivement sur la couleur des oiseaux femelles, aussi bien qu’elle a sans aucun doute déterminé celle des insectes femelles.


Utilité des couleurs voyantes de plusieurs chenilles.


Depuis la première publication de cet essai, on a trouvé, dans le principe de la protection par les couleurs, l’explication d’une difficulté assez curieuse.

Un grand nombre de chenilles sont douées de couleurs assez brillantes pour frapper les yeux même à grande distance, et on a observé que ces animaux se cachent rarement. D’autres espèces cependant sont vertes ou brunes, très-semblables aux substances dont elles se nourrissent ; il en est aussi qui imitent le bois, et se tiennent immobiles attachées à l’extrémité d’une branche, paraissant ainsi en être un rejeton. Or les chenilles constituent une grande partie de la nourriture des