Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
145
LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

venir des variétés, les rend irrégulières et instables. Il n’en est pas de même pour une espèce qui est peu répandue, car elle n’a pas un pouvoir de dispersion assez grand pour nuire au développement des variétés ; l’espèce alors se montrera sous une ou plusieurs formes permanentes, selon que des groupes auront été isolés à une époque plus ou moins ancienne.


Lois et modes de la variation.


On confond souvent, sous le nom commun de variation, des phénomènes très-distincts. Je vais les étudier en les divisant par catégories.

Simple variabilité. — Je comprends ici tous les cas qui ne constituent qu’une instabilité plus ou moins grande de la forme spécifique, c’est-à-dire où l’ensemble de l’espèce, et même la descendance de chaque individu, présentent des différences continuelles, mais incertaines, comparables à celles que nous voyons chez nos races domestiques. Il est impossible de bien définir ces formes, parce qu’elles sont reliées entre elles par des nuances très-délicates. Ces différences ne se rencontrent que chez des espèces très-répandues, qui habitent plutôt des continents que des îles ; du reste ces cas sont exceptionnels, car, chez la plupart des formes spécifiques, la variation n’a lieu que dans des limites fort étroites. Les Papillonides malais ne présentent qu’un seul bon exemple de ce genre de variabilité ; c’est le P. Severus, qui habite toutes les îles Moluques