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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

Dans ce cas, comme dans le précédent, une espèce distincte, avec des formes locales et des spécimens dimorphiques, ont été confondus sous le même nom de « variétés ».

Outre le vrai P. Polytes, il y a pour la femelle plusieurs formes alliées, savoir : P. Theseus (Cramer), P. Melanides (De Haan), P. Elyros (G. R. Gray), et P. Romulus (Linné). La femelle foncée décrite par Cramer comme P. Theseus paraît être la forme commune, et peut-être la seule de l’île de Sumatra ; mais à Java, Bornéo et Timor, on rencontre, outre les mâles identiques à ceux de Sumatra, des femelles Polytes, bien qu’un spécimen du P. Theseus pris à Lombock semble indiquer que les deux formes se rencontrent parfois ensemble. Dans les espèces alliées trouvées aux Philippines (P. Alphenor (Cramer) = P. Ledebouria, Eschscholtz, dont la femelle est le P. Elyros de G. R. Gray), il y a des formes correspondant à ces extrêmes, en même temps que plusieurs variétés intermédiaires ; on le voit très-bien dans la belle série que possède le British Museum.

Ceci nous fait voir de quelle façon peut se produire le dimorphisme ; car supposons que les formes extrêmes des îles Philippines soient mieux adaptées à leurs conditions d’existence que les intermédiaires qui les relient, ces derniers s’éteindront graduellement, et il ne restera que deux formes distinctes du même insecte, adaptées chacune à des conditions spéciales. Comme il est certain que celles-ci diffèrent suivant les districts, il arrivera souvent (comme à Sumatra et à Java) que l’une des deux formes prédominera dans une île et l’autre