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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

dans l’île adjacente. À Bornéo il semble y avoir une troisième forme ; car le P. Melanides (De Haan) appartient évidemment au groupe qui nous occupe ; il présente tous les caractères du P. Theseus, avec une modification dans la couleur des ailes postérieures.

J’arrive maintenant à un insecte qui, si je ne fais pas erreur, constitue l’un des cas de variation les plus intéressants qu’on ait observés jusqu’à présent. Le Papilio Romulus, indigène dans une grande partie de l’Inde et de Ceylan, et assez répandu dans les collections, a toujours été considéré comme une véritable espèce bien définie, et aucun doute n’a jamais été exprimé à ce sujet. Mais il n’existe, je crois, aucun mâle de cette forme. J’ai examiné la belle collection du British Museum, celles de l’East India Museum et du Hope Museum, ainsi que plusieurs collections particulières, entre autres celle de M. Hewitson, et je n’ai jamais vu que des femelles ; pour ce papillon si commun on ne peut trouver aucun mâle, sauf le P. Pammon, également commun ; cette espèce est déjà pourvue de deux femelles, et pourtant nous serons obligés, je le crois, de lui en assigner encore une troisième. Examinant avec soin le P. Romulus, je vois que, dans tous ses caractères essentiels, c’est-à-dire la forme et le tissu des ailes, la longueur des antennes, les taches de la tête et du thorax, et même les nuances particulières dont il est orné, il correspond exactement aux autres femelles du groupe Pammon ; à première vue, la couleur spéciale de ses ailes antérieures lui donne un aspect différent, mais un examen détaillé fait voir que chacune de ces marques