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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

quant à ces grands papillons, et qui serait inconnu ou moins abondant dans les autres îles ; la rapidité du vol, et la faculté de tourner rapidement étant indispensables pour l’éviter, la forme d’ailes nécessaire à ce mouvement aurait été acquise par l’effet de la sélection naturelle agissant sur les légères variations de forme qui se présentent tous les jours. Il serait naturel de penser que cet ennemi doit être un oiseau insectivore, mais il est curieux que presque tous les genres de gobe-mouches de Java et de Bornéo d’une part (Muscipela, Philentoma) et des Moluques d’autre part (Monarcha, Ripidura), soient à peu près absolument inconnus à Célèbes. Ils paraissent être remplacés par des oiseaux qui se nourrissent de chenilles (Graucalus, Campephaga, etc.), dont six ou sept espèces sont connues à Célèbes et représentées par un grand nombre d’individus. Nous ne savons pas d’une manière certaine que ces oiseaux capturent des papillons au vol, mais il est très-probable qu’ils le font quand leur nourriture devient rare. M. Bates m’avait suggéré l’idée que les grandes Libellules (Aeshna, etc.) attaquaient les papillons, mais je n’ai pas remarqué qu’elles fussent plus abondantes à Célèbes qu’ailleurs. Quoi qu’il en soit, la faune de Célèbes est évidemment très-particulière, et cela dans toutes les divisions dont nous avons une connaissance quelque peu exacte ; bien qu’il ne nous soit peut-être pas possible d’indiquer d’une manière satisfaisante la marche des modifications curieuses dont nous venons de parler, il nous paraît clair qu’elles sont le résultat d’une multitude d’actions et de réactions ré-