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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

ciproques entre tous les êtres vivants dans la lutte pour l’existence, qui tend sans cesse à rétablir les relations troublées et à mettre chaque espèce en harmonie avec les conditions variables du monde qui l’entoure.

Cette explication conjecturale elle-même nous manque dans d’autres cas de modification locale. Pourquoi les espèces des îles occidentales sont-elles plus petites que celles qui vivent plus à l’Orient ? Pourquoi celles d’Amboine sont-elles plus grandes que celles de Gilolo ou de la Nouvelle-Guinée ? Pourquoi les espèces qui dans l’Inde sont caudées perdent-elles graduellement ce caractère dans les îles Malaises, et n’en offrent-elles plus de traces sur les bords du Pacifique ? Pourquoi, dans trois cas distincts, les femelles des espèces d’Amboine sont-elles de couleurs moins vives que les femelles correspondantes des îles voisines ? Autant de questions auxquelles nous ne sommes pas aujourd’hui en mesure de répondre. Il est cependant certain que ces faits se rattachent à un principe général, car on en a observé d’analogues dans d’autres parties du monde. M. Bates m’apprend que trois groupes distincts de Papilio qui, dans la partie supérieure de l’Amazone et dans presque toute l’Amérique du Sud, n’ont aucune tache sur les ailes antérieures, les ont tachetées de blanc et de jaune à Para et sur l’Amazone inférieure ; que le groupe Aeneas, des Papilio, qui n’a jamais de queue dans les régions équatoriales et sur l’Amazone, en acquiert graduellement dans beaucoup de cas, en s’avançant vers les deux tropiques. L’Europe même nous offre des exemples analogues, car les espèces et les