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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

Coön, mais dont les taches sont non pas jaunes, mais rouges), la variété correspondante de P. Androgeus (P. Achates de Cramer, 182, A. B), chez laquelle se sont reproduits les points rouges. Enfin dans l’île de Timor la femelle du P. Œnomaus (espèce alliée au P. Memnon) ressemble si fort au P. Liris, du groupe Polydorus, qu’il fallait un examen minutieux pour distinguer ces deux insectes, qu’on voyait fréquemment voler ensemble.

Les six derniers cas de mimique sont très-instructifs, parce qu’ils paraissent indiquer l’un des modes de production des formes dimorphiques. Lorsque, comme c’est ici le cas, les deux sexes diffèrent beaucoup l’un de l’autre, et que l’un d’eux varie d’une manière considérable, il peut survenir des variations individuelles qui, présentant quelques rapports avec des groupes privilégiés, auront grâce à cette circonstance avantageuse une forte chance de se perpétuer. Les individus qui les auront subies se multiplieront, la transmission héréditaire rendra permanents les caractères protecteurs qu’ils auront acquis, et comme les variations auront d’autant plus de chances de continuation, qu’elles se rapprocheront davantage du groupe imité, nous verrons avec le temps se produire ce fait singulier de deux ou même plusieurs formes fixes et isolées, et liées intimement entre elles, comme formant les sexes d’une même espèce.

Les femelles sont plus sujettes à ce genre de modification que les mâles, probablement parce que la protection leur est particulièrement nécessaire quand leur