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L’INSTINCT CHEZ L’HOMME ET LES ANIMAUX.

tégral, ou bien encore, en anatomie comparée, sauter de l’étude du squelette humain à celui du poisson, et vouloir, sans l’aide des nombreuses formes intermédiaires, déterminer les homologies entre ces types distants de vertébrés. Une pareille manière de procéder entraînerait inévitablement des erreurs, et l’étude continuée dans la même direction ne ferait que les confirmer, et les rendre plus difficiles à déraciner.


Définition de l’instinct.


Avant d’aller plus loin, nous devons déterminer ce que nous entendons par le terme instinct.

On en a donné diverses définitions, telles que : « Aptitude qui opère sans l’aide de l’instruction ou de l’expérience ; » ou bien : « Une faculté mentale totalement indépendante de l’organisation ; » « Une faculté à laquelle on attribue chez l’animal les actes qui, chez l’homme, résultent d’un enchaînement de raisonnements, aussi bien que ceux dont l’homme est incapable, et qu’on ne peut expliquer par aucun effort de l’intelligence. » Le mot instinct est aussi très-souvent appliqué à des actes qui résultent évidemment de l’organisation ou de l’habitude. On dit du poulain ou du veau qu’il marche par instinct, aussitôt qu’il est né ; mais cela est dû uniquement à son organisation qui lui rend la marche possible et agréable. De même on dit que, par instinct, nous étendons les mains pour éviter une chute ; mais c’est là une habitude acquise, que l’enfant ne possède pas.