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PHILOSOPHIE DES NIDS D’OISEAUX.

leux ou plat, selon que la contrée est fréquentée par des bêtes sauvages ou exposée aux attaques des hommes. Toutes ces circonstances font adopter un mode particulier de construction qui, confirmé par l’habitude, devient héréditaire et sera conservé longtemps, même lorsque de nouvelles conditions ou une migration dans une région différente lui auront fait perdre son utilité.

Dans toute l’étendue du continent américain, et en règle générale, les maisons des indigènes reposent sur le terrain même ; on les rend sûres et solides au moyen de murs épais et bas, surmontés d’un toit. Par contre, dans presque toutes les îles malaises, les maisons sont élevées sur des pieux, parfois à une grande hauteur, le plancher en bambou étant à claire voie : toute la bâtisse est excessivement mince et légère. Or, quelle peut être la raison de cette différence remarquable entre ces pays, dont bien des parties nous offrent d’ailleurs une ressemblance frappante dans leur constitution physique, leurs productions naturelles et le degré de civilisation de leurs habitants ? Nous en trouvons l’explication, ce me semble, dans l’origine probable et les migrations de leurs populations respectives. On croit que les indigènes de l’Amérique tropicale sont venus du Nord, d’un pays où les hivers sont rudes et où des maisons bâties au-dessus du sol avec des planchers ouverts, seraient inhabitables. Ils se sont dirigés vers le Sud en suivant les chaînes de montagnes et les plateaux, et, sous un climat nouveau, ils ont conservé le mode de construction de leurs an-