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PHILOSOPHIE DES NIDS D’OISEAUX.

gnera à son jeune compagnon, non-seulement les choses futiles, mais aussi le choix d’un emplacement pour le nid et la manière de le construire : il lui montrera aussi comment on couve les œufs et comment on élève les petits. Telle est, en peu de mots, l’idée que je me fais, de la manière dont un oiseau, à ses premières noces, apprend peut-être tous les devoirs de la vie conjugale. »

J’ai demandé, sur ce point difficile, des renseignements à quelques-uns de nos meilleurs ornithologistes vivant à la campagne, mais sans succès, parce qu’il est presque toujours impossible de distinguer après la première année les jeunes oiseaux des vieux. On m’apprend cependant que chez les merles, chez les moineaux, et beaucoup d’autres espèces, les mâles se battent avec fureur, et le plus fort a naturellement le choix de sa compagne. L’opinion de M. Spruce est au moins aussi vraisemblable que l’opinion contraire, qui veut que les jeunes oiseaux, dans la règle, s’accouplent ensemble, et elle est confirmée, jusqu’à un certain point, par le célèbre observateur américain Wilson. Ce dernier insiste avec force sur la variété des nids d’une même espèce : il dit que les uns sont beaucoup mieux faits que les autres, et il pense que les nids les moins parfaits sont l’ouvrage des oiseaux les plus jeunes, les plus parfaits aux contraire, celui des plus vieux.

En tout cas l’expérience capitale n’a point été faite : on n’a point encore montré qu’un couple d’oiseaux, élevés à part depuis leur naissance et n’ayant jamais vu de nid, soit à même d’en faire un exactement