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PHILOSOPHIE DES NIDS D’OISEAUX.

sur le type de celui de leurs parents. Ce serait là l’expérience décisive. Tant qu’elle n’a pas été faite, je ne pense pas que l’on doive attribuer à une faculté inconnue et mystérieuse, un acte parfaitement comparable aux constructions de l’homme sauvage.

Du reste, il ne faut point s’exagérer le degré de connaissance ou d’habileté acquise (d’autres diraient d’instinct) que doit posséder un oiseau pour construire un nid qui nous semble délicatement et artistement fabriqué. N’oublions pas que ce nid a été formé branche par branche, fibre par fibre, grossièrement d’abord, puis les fentes et les irrégularités qui doivent paraître des brèches et des trous énormes aux petits architectes, sont bouchées avec des bouts de branches ou des rejetons introduits au moyen de leur bec mince et de leurs pattes souples ; brin par brin ils déposent les poils, les plumes, le crin, et le résultat nous semble une merveille de dextérité ; il en serait de même de la plus grossière hutte indienne, aux yeux d’un natif de Brobdingnag.

Levaillant décrit le nid d’un petit oiseau africain, qui montre bien que très-peu d’art peut produire une construction très-parfaite. La base en est faite de mousse et de lin entremêlés d’herbe et de touffes de coton ; cette masse d’abord informe, ayant 5 à 6 pouces de diamètre et 4 pouces d’épaisseur, devient sous les pieds de l’oiseau qui la presse et la foule avec persistance, une sorte de feutre. L’oiseau le comprime avec son corps, se retournant dans tous les sens, de façon à le rendre bien ferme et égal, avant d’élever les bords. Ceux-ci sont ajoutés bout par bout, ajustés et battus