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PHILOSOPHIE DES NIDS D’OISEAUX.


Que les oiseaux changent et améliorent leurs nids lorsque des conditions nouvelles l’exigent.


La grande uniformité qu’offre l’architecture de chaque espèce d’oiseau ne prouve donc point, ainsi qu’on l’a supposé, un instinct spécial, mais nous pouvons l’attribuer à l’uniformité des conditions dans lesquelles vit chacune des espèces. Leur domaine est souvent très-limité, et il est rare qu’elles se rendent dans un pays nouveau pour y rester, de façon à être placées dans des conditions nouvelles. Cependant, lorsque celles-ci se présentent, les oiseaux en profitent aussi librement et aussi sagement que l’homme pourrait le faire.

Les hirondelles de cheminée et de fenêtre sont une preuve vivante d’un changement d’habitudes qui a dû se faire depuis que l’on construit des maisons et des cheminées, c’est-à-dire en Amérique par exemple, dans les trois derniers siècles. Beaucoup de nids sont faits aujourd’hui avec des fils de coton ou de laine au lieu de laine brute ou de crin ; et le choucas montre une prédilection pour les clochers, qui ne peut guère s’expliquer par l’instinct.

Dans les parties les plus peuplées des États-Unis, le troupiale-ballimore construit son nid suspendu, avec toutes sortes de bouts de cordons, d’écheveaux de soie, de tille de jardinier, au lieu des quelques poils et fibres végétales, qu’il ne trouve que difficilement dans les régions sauvages ; et Wilson, observateur très-exact, croit que cet oiseau perfectionne ses nids par la pra-