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THÉORIE DES NIDS D’OISEAUX.

Il existe, il est vrai, quelques exceptions, les unes réelles, les autres apparentes ; j’en parlerai tout à l’heure ; mais je puis les négliger pour le moment, car elles ne sont ni assez nombreuses ni assez importantes pour contre-balancer la masse de preuves qui appuient ma théorie. Voyons ce que nous devons conclure de cette série de rapports entre des groupes de phénomènes si différents au premier abord. Se rattachent-ils à d’autres ? Nous enseignent-ils quelque chose sur les procédés de la nature, ou nous donnent-ils un aperçu des causes auxquelles nous devons la merveilleuse variété, l’harmonie et la beauté des êtres vivants ? Je crois qu’on peut répondre affirmativement à ces questions, et je mentionnerai d’ailleurs, pour prouver la relation que je vois entre tous ces faits, qu’elle me fut d’abord révélée par l’étude de phénomènes analogues chez les insectes, savoir, la ressemblance protectrice et la mimique.

Le premier enseignement qui ressort de ce qui précède, c’est que les femelles des oiseaux ne sont pas incapables de posséder les brillantes couleurs dont les mâles sont si souvent ornés, puisqu’elles les portent toutes les fois qu’elles sont cachées ou protégées pendant l’incubation. La conclusion naturelle est donc que le développement imparfait ou l’absence de brillantes couleurs dans leur plumage, est due au défaut de protection et d’abri pendant cette période importante de leur vie. Cela s’explique facilement si nous admettons l’action de la sélection naturelle ou sexuelle. Comme nous l’avons vu, il arrive souvent