Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/293

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par des conditions extérieures sans cesse modifiées, elle dépendrait d’une volonté dont les motifs doivent à jamais nous rester inconnus, et nous devrions abandonner toute recherche sur son origine et ses causes. Mais, chose curieuse, à peine avons-nous commencé à examiner et à classer les couleurs des êtres, que nous leur découvrons une relation intime avec une quantité d’autres phénomènes, et que nous les trouvons soumises comme ceux-ci, à des lois générales. J’ai cherché ici à élucider quelques-unes de ces lois en ce qui touche les oiseaux, et j’ai montré l’influence exercée par le mode de nidification sur la couleur des femelles.

J’ai précédemment fait voir jusqu’à quel point et de quelle manière le besoin de protection a déterminé les couleurs des insectes, de quelques groupes de reptiles et de mammifères, et je voudrais maintenant attirer l’attention sur ce fait, établi par M. Darwin, que les vives nuances des fleurs sont aussi soumises à cette grande loi de l’utilité, bien qu’elles eussent été longtemps considérées comme prouvant que la couleur avait été créée pour autre chose que pour le bien de son possesseur. Les fleurs n’ont pas grand besoin de protection, mais les insectes sont très-souvent nécessaires pour les féconder, ou pour maintenir intacte la vigueur de leurs organes reproducteurs. Leurs couleurs éclatantes, comme leur parfum et leurs sécrétions sucrées servent à attirer ces animaux ; nous avons une preuve que c’est là la fonction principale de la couleur, dans le fait que les plantes qui peuvent être parfaitement fécondées au moyen du vent et ne réclament